Pour mon premier article d’enfant reporter, j’ai décidé de vous faire découvrir le parlement d’enfants du Nord Kivu, dont je suis aussi le porte-parole. La participation des enfants demeure faible dans notre pays, spécifiquement dans la partie Est.
En 1999, le Congrès des enfants des Nations Unies de New-York a créé le parlement d’enfants dans le but de les faire participer au cercle décisionnel de la société. Il a été reconnu dans la province du Nord Kivu en 2001, avec comme objectif un monde propice à l’application des droits des enfants et à leur jouissance.
Le parlement d’enfants est bicaméral : il y a la chambre haute – le haut conseil – qui est un organe d’accompagnement constitué de trente membres ; et la chambre basse – l’assemblée des enfants – qui est l’organe de coordination des activités constitué de vingt membres.
Le parlement a aussi quatre commissions techniques et une assemblée générale de 250 membres. Depuis sa création, le parlement d’enfants a compté six mandats et l’actuel est présidé par l’honorable Michael.
La commission éducation, jeu, culture et loisir vise à ce que la population sache que tous les enfants ont le droit d’aller à l’école et d’avoir des loisirs pour rafraichir leur raisonnement. Sa présidente Laetitia nous explique : « sans l’éducation nous ne pourrons avoir l’initiative de diriger ce pays dans l’avenir, et le jeu permet aux enfants de s’épanouir et de développer certaines idées ».
La commission droit, paix et protection de l’Enfant mène des activités de sensibilisation avec les parents, les élèves, les chefs de quartier, les autorités, … La croissance de l’enfant dépend aussi de sa protection, et à ce sujet Clarisse insiste : « j’aimerai parler du numéro 117 qui a été lancé il y a 6 mois et permet aux enfants d’appeler gratuitement avec n’importe quel opérateur pour signaler n’importe quelle violence faite sur les enfants. »
La commission conservation de la nature et gestion de l’environnement est présidée par Obed, qui souligne que « nous faisons l’apprentissage dans la conservation de la nature et la gestion l’environnement par l’organisation de séances de formations avec les jeunes ».
Personne n’ignore l’importance de la nature quand elle bien entretenue, comme le montre Jonathan « j’ai enquêté auprès des enfants sur la gestion des poubelles et des arbres dans leur famille. Ce thème me tient à cœur car les déchets sont importants pour la santé des enfants ».
La commission santé et assistance sociale veille à ce que l’enfant ait une bonne santé. Comme le dit Patrick, son président: « nous faisons des enquêtes sur les problèmes de santé et à partir des résultats nous concevons des projets que nos partenaires appuient et que nous réalisons là où nous avons effectué l’enquête ».
La commission de monitoring traite des cas de violations des droits de l’Enfant et de la résolution pacifique des conflits. Elle invite l’accusé et la victime et tente d’arriver à une solution pacifique et rationnelle. Dans le cas contraire le transfert du cas à des juridictions compétentes s’impose. Depuis 2014, 200 cas ont été traités et ont eu des solutions adéquates et 120 cas ont été transférés à des juridictions plus compétentes.
Le parlement d’enfants est aussi en partenariat avec le numéro 117 pour les urgences et avec le Centre de transit et d’orientation CAJED pour les enfants soldats.
Au parlement, nous avons un grand partenariat avec les enfants reporters pour le plaidoyer. Daniel, ancien enfant reporter et maintenant jeune reporter, nous explique : « les enfants reporters complètent le parlement d’enfants car ils peuvent faire un support vidéo ou écrit pour appuyer leur plaidoyer ».
Ces reportages nous permettent de faire comprendre simplement aux décideurs les problèmes des enfants. Cette cohésion se fait aussi dans des émissions radio-télé, des concerts et des festivals comme Amani.
Avec les autres enfants parlementaires, nous réalisons aussi des projets, comme la création d’un parlement d’enfants déplacés. Jonathan, le secrétaire rapporteur du parlement nous signale « j’ai été sélectionné pour faciliter la création d’un parlement d’enfants dans le camp de déplacés de Mugunga. La commission nationale nous a donné une place pour 50 enfants déplacés de 12 à 16 ans ; on les a formés sur le parlement d’enfants, la convention relative aux droits des enfants et les techniques de monitorage ».
Parmi nos projets majeurs, il y a aussi le projet « Zéro Enfant associé à des fins électorales » et le projet « Zéro Enfant associé à des forces et groupes armés ».
Aujourd’hui le parlement d’enfants est une grande structure de participation des enfants dans la promotion de leurs droits. Nous voulons que le gouvernement prenne conscience de la situation des enfants dans l’Est de la RDC.
Notre rêve est d’avoir un monde digne des enfants, qui leur permettra de jouir de leurs droits au complet.
Nous recommandons donc au gouvernement de créer un parlement d’enfant national qui permettrait la participation des enfants de tout le pays pour réaliser ce rêve.
Tout ce que vous faites pour les enfants sans les enfants n’est pas pour les enfants !
Par Jospin Benekir, enfant reporter
Photo: UNICEF RDC 2015 Justin Kasereka