SAMBOKO, Zone de Santé d’Oicha, 08 juin 2012
Un effort communautaire
A Samboko, dans l’aire de santé du même nom, dans la Zone de santé d’Oicha, en territoire de Beni, Province du Nord-Kivu, les mamans ont décidé de doter le centre de santé Samboko, par des cotisations de 500 Fc par femme, d’un frigo pour la conservation des vaccins.
L’aire de santé de samboko est située à environ 30km au Nord-Ouest d’Oicha chef-lieu du territoire de Beni, siège du bureau central de la zone de santé(BCZS) et compte une population estimée à 5498 habitants.
Kavira Mutseke, membre de l’initiative, explique : « Nous avons constaté que notre aire de santé compte de plus en plus d’enfants et d’habitants. Le centre de santé n’a pas de frigo pour conserver le vaccin. Pour chaque vaccination, le vaccin provient de la BCZS à Oicha. La vaccination se fait toujours en retard ; alors que les mamans arrivent tôt le matin pour la consultation prénatale(CPN) et préscolaire(CPS). Elles arrivent à l’aube et repartent chez elle vers dix-huit heures. C’est pourquoi nous avons décidé de cotiser un montant de 500Fc (0,55$US) par femme pour l’achat d’un frigo pour la santé de nos enfants».
Braver les dangers
L’infirmière titulaire adjointe du centre de santé de Samboko, Kasoki Maliyabwana, dit que ces équipes marchent pendant des heures pour parvenir au bureau central de la zone de santé(BCZS) a Oicha, a environ 30km.Quand il pleut les routes deviennent difficilement praticables. «Le vaccin arrive avec retard au centre de santé pendant que les mamans et les enfants sont fatigués et même affamés. L’acheminement du vaccin d’Oicha au Centre de santé se fait par vélo en six heures de route aller-retour »explique-t-elle
Il existe bien des obstacles à franchir pour vacciner les enfants vivant dans les communautés de l’aire de sante de Samboko. Certains vivent dans des villages à plusieurs heures du centre de santé ou habitent dans des zones isolées ou encore dans des lieux peu accessibles par manque de routes ou d’infrastructures de transport. D’autres se déplacent en permanence, comme les pygmées ou les gens déplacés pour des raisons politiques ou économiques. « Plusieurs femmes souffrent pour faire vacciner leurs enfants ici chez-nous. Elles parcourent de longues distances pour arriver au centre de santé. Certaines viennent de Mutweyi dans la province Orientale. Elles font plus au moins 20 km de marche à pied et traverse des rivières pour faire vacciner leurs enfants» affirme Kavira Mutseke.
« Cette situation expose les femmes à plusieurs risques et danger : Les viols par des bandits, les insectes et serpents venimeux ainsi que le risque des divorces. En conséquence, les femmes se sentent frustrer, se découragent et ne répondent plus aux rendez-vous médicaux pour compléter le calendrier vaccinal de leurs enfants. Ce qui fait que plusieurs enfants n’achèvent pas leur calendrier» poursuit-elle.
Renforcer la vaccination de routine
« Nous pensons que grâce à l’acquisition de ce frigo le taux d’utilisation de services PEV va sensiblement augmenter, car les mamans auront la certitude qu’à chaque fois qu’elles viendront pour la CPS ou la CPN, elles recevront le vaccin a temps et pourront rentrer chez-elles à temps »déclare Kasoki Maliyabwana, infirmière titulaire adjointe du CS Samboko.
Depuis des années, les efforts pour vacciner contre les maladies infantiles mortelles, comme la polio et la rougeole, ont touché plus d’enfants seulement lors des campagnes de masse. Pour corriger cela, l’accent est mis sur l’intensification des activités de routine du Programme élargie de vaccination(PEV) dans un effort pour atteindre tous les enfants et femmes ayant besoin d’être vaccinés à travers la vaccination de routine. L’objectif ultime étant d’atteindre 95 pour cent de couverture vaccinale sur l’ensemble de la zone.
« Nous avons reçu leur argent [250$]. Nous pensons que cette initiative va permettre d’apporter un soutien communautaire au programme élargi de vaccination. Grace à ce frigo cette aire de santé ne connaitra plus de rupture de stock en antigènes à répétition. Ils ne seront plus obligés de venir a Oicha pour avoir leurs doses de vaccin» explique Dr. Kambale Soheranda, Médecin Chef de Zone d’Oicha.« Une telle démarche contribue également à renforcer les activités de vaccination de routine pour le bénéfice de la sante des mères et des enfants. La Zone de santé souligne la nécessité d’appuyer de telles initiatives pour que la vaccination soit une appropriation communautaire».
D’autres ressources sont requises pour venir en aide à plus d’enfants et de femmes et prévenir efficacement les maladies évitables par la vaccination à Samboko.
« Nous lançons un appel aux autorités à tous les niveaux pour qu’elles soutiennent notre œuvre » conclut Kavira Mutseke.